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Bergamotte, le 23/01/2013

Paradoxalement, et malgré le succès des Selif Keita, Manu Dibango, Cesaria Evora et, en Afrique du Nord, des Chebs et de formations comme Tinariwen, il n’est pas facile d’entendre en France de la vraie musique africaine traditionnelle.


Comme toute musique, celle-ci répond à des codes extrêmement précis, et ses harmonies (ou plutôt les harmonies des différentes traditions) nécessitent une certaine éducation de l’oreille avant de séduire un public plus habitué aux mélodies classiques, aux accords de jazz ou à la house.


La musique berbère, par exemple, et les groupes qui chantent les ahidous, comme ceux qui se pratiquent lors du moussem des Roses, est facilement nasillarde. C’est un spectacle complet, où les paroles sont essentielles pour soutenir la danse et la musique, et elle perd ainsi beaucoup de sa beauté quand on ne comprend pas la langue.


C’est ainsi que la plupart des artistes qui se produisent en Europe ont modifié peu à peu leur musique, et l’ont faite évoluer, en intégrant diverses influences. Cela a donné un courant musical, appelé World Music, qui a beaucoup d’adeptes.


La musique et les rythmes des griots maliens qu’on peut entendre dans un village africain est assez éloignée de celle produite sur les scènes des festivals internationaux...


Et cette World Music revient dans les pays d’origine, et modifie à son tour la tradition. Ainsi, au festival des musqiues Gnaouas d’Essaouira, on ne voit pas les gnaouas du désert, ceux qui officient encore comme des guérisseurs et les mystérieux détenteurs d’une magie qui soigne à travers la musique et la baraka divine. On y voit de nombreux groupes qui mélangent ces rythmes gnaouas avec d’autres, ceux des griots, le jazz, pour produire une magie totalement différente, et tout aussi séduisante.


Faut il s’en inquiéter ou s’en réjouir ? En réalité la question n’a pas de sens. Une tradition qui n’évolue pas est une tradition morte. La musique traditionnelle que nous connaissons aujourd’hui n’est certainement pas celle qui se jouait il y a deux ou trois siècles, et cette nouvelle évolution est un enrichissement.

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